La conception bottom-up en accessibilité est une approche de développement centrée sur les besoins réels, les expériences vécues et les contraintes spécifiques des utilisateurs en situation de handicap, en partant du terrain vers la stratégie.
Contrairement à une approche top-down (où les décisions sont prises en amont par des équipes techniques ou managériales sans retour direct des utilisateurs), la méthode bottom-up intègre dès les premières étapes de conception :
- Les retours d’utilisateurs ayant des handicaps variés (moteur, visuel, auditif, cognitif, etc.)
- Les observations issues de tests utilisateurs réels avec des technologies d’assistance (lecteurs d’écran, claviers alternatifs, logiciels de reconnaissance vocale, etc.)
- Les problèmes concrets rencontrés dans l’usage quotidien des interfaces numériques
- Les stratégies d’adaptation que ces utilisateurs développent spontanément
Cette approche favorise une accessibilité authentique et fonctionnelle, ancrée dans la réalité d’usage plutôt que dans une simple conformité normative (ex. : respect mécanique des critères WCAG). Elle repose sur des principes tels que :
- L’empathie active via l’observation et l’écoute
- L’itération rapide basée sur des retours qualitatifs
- La co-conception avec des personnes en situation de handicap
- La priorisation des obstacles réels plutôt que des checklists théoriques
L’idée que l’approche bottom-up serait la solution pour inclure les personnes en situation de handicap est une simplification trompeuse.
L’accessibilité ne dépend pas du mode de conception (bottom-up ou top-down), mais de l’intention inclusive, des bonnes pratiques techniques (ex. : WCAG), et surtout de l’implication réelle des utilisateurs concernés dans le processus.
On peut tout à fait concevoir un site top-down et parfaitement accessible (ex. : en intégrant dès la phase stratégique les principes d’accessibilité universelle).
Inversement, une approche bottom-up mal menée — centrée uniquement sur des détails techniques sans vision inclusive globale — peut ignorer des besoins fondamentaux (ex. : navigation au clavier, structure sémantique, alternatives textuelles).
Ce n’est pas parce qu’on utilise une approche bottom-up qu’un site devient accessible, mais parce qu’on place les besoins des utilisateurs (y compris en situation de handicap) au cœur du processus, quelle que soit la méthode.
